La Journée de la biodiversité à la Gaité Lyrique


Avec Clémence Seurat, Pauline Briand a conçu la programmation d’une Journée de la biodiversité qui s’est tenue à la Gaité Lyrique le 27 avril 2019. Cette journée était organisée à l’occasion de la pléniaire de l’IPBES, le “GIEC de la biodiversité”, à Paris. Pauline Briand a modéré la table ronde : Quelle politique des vivants pour répondre à l’extinction ?

Image du site du de la Gaité Lyrique, illustration d’Allesandro Pignocchi

Présentation de la journée : 

À l’occasion de la tenue du sommet de la biodiversité à Paris et de la Nuit de la biodiversité, la Gaîté Lyrique propose une journée pour penser l’extinction et interroger notre rapport aux vivants au travers de conférences et d’ateliers.

Effondrement des populations d’insectes, anthropisation croissante des écosystèmes, extension des monocultures, appauvrissement des espèces domestiques, la 6ème grande extinction est d'ampleur planétaire et son origine est humaine. Pour faire face à cette catastrophe, il faut la dire, la penser.

Dans cette perspective, l’IPBES, la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques, rassemble des chercheurs, des experts issus de la société civile, des tenants des savoirs autochtones, comme l’a fait le GIEC pour le changement climatique. Ensemble, ils établissent un état des lieux de l’extinction en cours, énoncent les zones d’incertitudes, identifient les outils politiques pertinents et émettent des préconisations.

Ce travail fait dialoguer sciences humaines et sciences du vivant, il est également un processus diplomatique de négociation entre les États. Organisée au siège de l'Unesco à Paris, la 7ème réunion plénière de l'IPBES aboutira à la publication d'un rapport début mai. Au-delà de cet important travail de synthèse, un grand nombre de chercheurs, d'artistes, de politiques, de communautés et de citoyens cherchent à recomposer notre rapport aux vivants. Ils imaginent et expérimentent des modes de vie et d'agencement du monde pour faire face à la crise.

En écho à cet événement, la Gaîté Lyrique invite artistes, chercheurs et naturalistes à croiser leurs points de vue pour appréhender les enjeux liés à l'effondrement de la biodiversité et apprendre à mieux cohabiter avec les autres espèces. En accès libre, la journée propose une promenade commentée dans le quartier pour se rendre attentif aux formes de vie locales, une séance de méditation écosystémique, une conférence sur les plantes et leurs savoirs, et une table ronde sur les apports de l'IPBES et les alternatives possibles.

Présentation de la table ronde :

Table ronde : Quelle politique des vivants pour répondre à l'extinction ?

Rapports d'évaluation, conventions sur la diversité biologique, aires protégées, protection des espèces, rémunération des services écosystémiques, des mécanismes institutionnels sont aujourd’hui mis en place pour gouverner la biodiversité. D'autres approches existent, elles s'appuient sur des savoirs autochtones, des agencements relevant de la diplomatie entre vivants ou des expérimentations collectives : elles valorisent d'autres modes d'attachement et de relation à la terre. Par leur recherche, par leur action, par leur coup de plume et leur humour, chacun-e des invité-e-s interroge la manière dont on cohabite dans un monde fini confronté aux changements globaux.


  • Chimère Diaw : économiste et anthropologue, il a contribué à l'émergence de l'IPBES, où il est aujourd'hui en charge de la coordination du rapport d'évaluation pour l'Afrique. Il est le Directeur général de l'African Model Forests Network, une initiative panafricaine de "forêts modèles".

  • Alessandro Pignocchi : ancien chercheur en sciences cognitives reconverti dans la bande dessinée, il explore la relativité de notre concept de "Nature". Sa nouvelle BD raconte la révolution de notre rapport au monde que le territoire de la Zad de Notre-dame-des-Landes préfigure.

  • Isabelle Stengers : philosophe, spécialiste de la philosophie des sciences, elle examine les pratiques liées à la volonté de "faire science" et aux rapports d’autorité qui lui sont liés. Elle s’intéresse également aux voies politiques et économiques alternatives. Son intervention questionne l'idée de protection de la biodiversité.

  • Sarah Vanuxem : maître de conférences en droit privé à l'Université de Nice Sophia Antipolis, ans La propriété de la terre. Contre la doctrine dominante (Wildproject, 2018), elle interroge la conception moderne de la propriété et la fait converger avec les perspectives écoféministes et indigènes les plus radicales. Elle développe une proposition selon laquelle la "faculté à habiter"serait une propriété.

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